La danse country

par Route92

HISTOIRE DE LA DANSE COUNTRY

Préambule : avant de se plonger dans l’histoire de la Danse Country, il me semble utile de faire un petit rappel des différentes formes de danses country existantes. On regroupera donc sous le nom de danses country : le Clogging (forme de claquettes), la Square Dance (danses en groupes où 4 couples forment un carré et exécutent les mouvements de la danse indiqués par le Caller), les danses en couple Freestyle (danses de couple où les partenaires improvisent librement sur des pas de base), les Partner Dance (danses en couple chorégraphiées) et enfin et surtout la Line Dance (où les danseurs alignés exécutent simultanément les mêmes pas d’une chorégraphie).

Important : Dans cet article le terme Line Dance a trait à ce que l’on appelle la danse en ligne. A ne pas confondre avec la New Line Dance ou Modern Line Dance qui est une branche de ce qui est nommé ici Line Dance.

Dans ce petit historique de la danse Country, nous ne développerons l’histoire que de ces 3 dernières formes : les danses en couple, les Partner Dance et la Line Dance, qui sont considérées comme la Danse Country moderne ; Signalons aussi qu’une grande partie sera consacrée plus spécifiquement à l’histoire de la Line Dance, car c’est aujourd’hui une des formes de danse Country la plus populaire.

Introduction : selon l’imagerie traditionnelle, la Line Dance existait déjà au temps du Far West, et beaucoup imaginent sans doute les cow-boys se réunissant le soir pour danser Tush Push et Cotton-Eyed Joe au son du violon et du banjo

…Voilà une image bien romantique du Cow-boy !

Hélas pour tous les « Westerners » amoureux des grandes plaines d’Amérique et rêvant le soir de cow-boys, d’indiens, de duels et de partie de cartes se finissant dans la plume et le goudron, la réalité était très différente. Et ce, pour quelques raisons bien simples. D’abord, il ne faut pas oublier que la vie dans l’Ouest Américain, du temps des pionniers, était très rude. La route était souvent longue et dangereuse, donc très fatigante ; et le soir, après une journée harassante de voyage, la plupart des Cow-boys préféraient certainement se reposer des dures épreuves de la journée, plutôt que de se trémousser autour du feu de camps !!!

La Line Dance s’est donc développée beaucoup plus récemment. Cependant, dans les premiers villages formés par les colons, on dansait quand même ! Pas de la Line Dance, bien sûr, mais d’autres danses qui partagent bien des racines en commun avec la Line Dance. Quelles sont ces racines ? Comment se sont-elles unifiées ? Comment la Danse Country s’est-t-elle développée jusqu’à aujourd’hui, en particulier avec l’arrivée de la Line Dance ? C’est à toutes ces questions que nous allons tenter de répondre à travers cet essai sur l’Histoire de la Danse Country.

1 ORIGINES ET NAISSANCE DE LA DANSE COUNTRY

Pour comprendre l’histoire de la Danse Country, il faut remonter très loin dans le temps. La danse (en général) existe depuis fort longtemps ; en se basant sur certaines peintures préhistoriques trouvées dans des grottes comme Lascaux, on la fait remonter au Paléolithique.

Devenue une activité de loisir, mais, à travers les siècles, la danse a toujours plusieurs fonctions autres que la simple détente. La danse a servi a exprimer ses croyances, ses sentiments ; elle est aussi reliée à une culture : elle est donc un moyen pour chacun d’exprimer son appartenance à un peuple, et/ou au mode de vie de celui-ci. Chaque danse est aussi souvent reliée à une gestuelle symbolique, à des accessoires. Tout cela sert à fédérer les gens autour de cette activité : la danse.

Quel rapport avec la danse Country ? C’est très simple : pour comprendre l’histoire de la Danse Country, il faut d’abord la remettre dans son contexte ; car la danse Country, comme toute forme de danse, est liée à un mode de vie, à des croyances, à des coutumes. Mais avant de plonger directement dans la Danse Country elle-même, remontons un peu plus loin dans le temps, jusque …

1.1.  LES ANCETRES DE LA DANSE COUNTRY

Les origines de la Danse country sont difficiles à définir. Cependant, la plupart des historiens s’accordent à dire que ses ancêtres seraient les vieilles danses Folk européennes. Que sont les danses folks ? Voici une petite définition, qui en vaut bien une autre : « Forme de danse avec participants, la danse folk est généralement traditionnelle et réalisée par les membres d’une communauté.

On retrouve 2 grands types de danses folk : les danses en cercle (qui sont les plus communes) et les chaînes de danse (avec des danseurs en ligne – attention, « en ligne » regroupe aussi bien des formes droites et en spirales, avec des danseurs côte à côte aussi bien que les uns derrière les autres).

Mais la forme la plus typique de danses folk, celle qui influencera le plus la Country Dance, c’est la Contredanse. Les contredanses existaient au XVIIème siècle ; elles sont formées par 2 rangées, une ligne d’homme, une ligne de femme en règle générale, les 2 rangées se faisant face – à – face. Les contredanses se déroulent ainsi : un homme et une femme se rejoignent entre les 2 rangées, le couple nouvellement formé exécute leurs pas en remontant tout le long des rangées, puis l’homme et la femme se séparent pour reprendre leurs places respectives. Un nouveau couple alors se forme à nouveau entre les 2 rangées, exécutent leurs pas, et ainsi de suite. Un exemple célèbre de Contredanse est le Virginia Reel. Associées aux figures des danses écossaises et irlandaises ces danses furent renommées « country danses » (rien à voir avec les danses country américaines !!!)

« Et la danse Country américaine là-dedans ? », me direz-vous ?! Nous y venons ! Car

1.2.  LA NAISSANCE DE LA DANSE COUNTRY

Au XIXème siècle, de nombreux immigrants européens s’embarquèrent pour les Etats-Unis ; avec eux, ils emmenèrent leurs traditions, leurs coutumes, et notamment les danses de leur pays ; le Clogging, par exemple, nous vient d’Allemagne. Parmi ces danses, il y avait également les danses folks dont nous venons de parler, et donc bien sûr aussi les contredanses. Chacune de ces cultures se mélangèrent, car l’Amérique est le fruit d’un véritable « Melting Pot ». Les danses de chaque nation émigrée (anglaise, allemande, irlandaise, française, espagnole, polonaise, tchèque …) aussi se mélangèrent entre elles, et avec les danses des cultures déjà présentes (amérindiennes, mexicaine …). Ces danses originelles sont bientôt devenues la base d’autres « nouvelles formes » de danses qui furent absorbées dans ce qui devint bientôt la « Nouvelle Culture Américaine ». Ainsi, toutes ces formes de danses ont évolué et se sont mélangées pour arriver au style de danse actuel, nommé « Country & Western Dance».

Mais comment et pourquoi ces formes se sont elles réunies et ont évolué jusqu’au style Country actuel ? En fait, tout commença quand les fameuses « contredanses », qui étaient principalement dansées en ville, et étaient utilisées sous le prétexte d’apprendre les bonnes manières à quelques robustes personnes, finirent par arriver dans les campagnes américaines. Les raisons de cette arrivée sont que, avec les premiers colons, sont aussi arrivés le puritanisme, les interdictions religieuses et les coutumes traditionnelles de l’Est. Les plaisirs mondains, comme la danse, étaient donc vus d’un mauvais œil, et encore plus lorsqu’ils donnaient lieu à un contact trop intime avec son ou sa partenaire. En conséquence, c’étaient des danses jugées « saines », comme le Menuet, le Cotillon, les danses de modèle, les cortèges courtois, en bref surtout les danses folks qui furent favorisées par les colons. Ces styles de danses, notamment le Quadrille, d’origine française, et les fameuses contredanses, furent généralement réunies sous le nom de « Old Time Dance » (« Danses de l’Ancien Temps ») ; elles étaient les précurseurs de la Square Dance actuelle.

Par la suite, les espaces ouverts inexplorés de l’Ouest ont déterminé l’interaction des colons. Après de longues journées de labeur dans les champs, ces nouveaux américains organisaient parfois des bals, le soir pour se détendre. Les gens se réunissaient à peu près n’importe où pour danser : dans des ranchs, dans des granges, dans des espaces grands ouverts sous les étoiles. L’invitation se faisait de bouche-à-oreille et ceux qui l’entendaient venaient habituellement pour danser. Ils dansaient en apportant chacun une figure traditionnelle de son pays qui combinées donnaient de curieuses et nouvelles formes de danse. Ces nouvelles formes furent favorisées par l’apparition d’un nouveau personnage : le Caller. Faisant partie ou non de l’orchestre, son rôle était d’empêcher le chaos de dominer le plancher de danse (car peu de gens connaissaient les mêmes pas) et d’orchestrer la foule hétérogène dans un mouvement harmonieux, en indiquant à chaque moment « X » la figure de danse à faire. Certaines de ces danses reçurent le nom de Square Dance. (A noter que La Square Dance est une des rares anciennes formes de danses country qui soit restée populaire jusqu’à nos jours.)

Puis ces danses ont évolué jusqu’à avoir leurs propres caractéristiques, pour arriver au style Country & Western. Une de ces caractéristiques est le fameux cri « Yeeehaaa » poussé par le Cow-boy sur la piste de danse. Ce cri fut décrit pour la première fois en 1874 par Joseph McCoy, premier grand manitou du bétail. Celui-ci écrivit en effet un article où il expliquait que le cow-boy « rejoint habituellement la danse avec un zeste particulier, ses yeux allumés par l’excitation, les boissons alcoolisées et la convoitise (Note personnelle : quelle charmante image !). Il tape des pieds sans s’arrêter pour se dévêtir de son sombrero, ses éperons et ses pistolets. »

Ceci nous indique bien la façon dont dansaient les cow-boys de l’époque. Le Cow-boy n’était en effet certainement pas le plus souple et le plus gracieux des danseurs ! Il n’était pas d’un tempérament à maîtriser les pas complexes d’une danse ou à mener gracieusement une belle jeune fille à travers la piste sur les accords des cordes du violoneux. Et les longues heures en selle et le laborieux travail n’ont certainement pas aidé à améliorer son maintien. Comme le souligne un observateur en 1873 : « (ces) quelques cow-boys dansaient comme un ours autour d’une ruche qui a peur d’être piqué. D’autres n’ont pas semblé savoir manipuler un calicot, et agissaient aussi rudement qu’ils dirigeaient le bétail dans les enclos. »

Et en effet les danses furent imprégnées par le maintien et la manière d’être des cow-boys et des fermiers : leurs attitudes ont donc influencé directement l’esthétique de la danse. Les façons de ces autres gens d’apprendre des danses compliquées, étaient déclinées par des pas plus simples et faciles à danser. Ils choisissaient de simuler les mouvements qu’ils employaient dans leur travail aux champs et avec le bétail, représentant d’une certaine façon les scènes de leurs propres vies. Ainsi, le mouvement de la jambe quand on monte à cheval est devenu un galop puissant de Polka. Des femmes étaient manipulées comme si le cow-boy jetait un veau à la terre pour le marquer. Les bottes lourdes issues de l’armée ont contribué à la grossièreté du travail des pas. L’habitude de porter des éperons a forcé le cow-boy à maintenir ses pieds distants pour éviter de blesser sa partenaire avec et à les traîner pendant qu’il se déplaçait à la musique. Plusieurs de ces manières de cow-boy, bien qu’ « apprivoisées », survivent dans la danse Western moderne actuelle. Le mouvement « double arms over » (les 2 bras au-dessus), est une réminiscence du final « tying off » (immobilisation) des jambes d’un veau avant de le marquer. La position « va-et-vient » de base reprend le mouvement de tenir les rênes.

Parallèlement, dans les saloons se sont imposés les coups sur le bois causés par les impulsions et les talons des bottes des cow-boys. Ces pas ont donc personnalisé et caractérisé la danse Country & Western puisque c’étaient les seuls mouvements autochtones qui, combinés avec les danses européennes, ont eu une influence plus directe sur la danse country moderne.

Une dernière remarque : on peut présumer que c’est certainement les cow-boys qui ont également influencé ces danses dans la manière de s’habiller, car ils avaient l’habitude d’aller danser avec les mêmes habits qu’ils utilisaient au travail, comme gardiens de bétail, c’est-à-dire les bottes avec éperons et le chapeau.

Puis ces anciennes formes de danses country ont évolué jusqu’à arriver à l’une des formes de Danse Country Moderne, qui perdure encore jusqu’à aujourd’hui :

Alors, quelle est cette forme de « Danse Country Moderne » ? Vous croyez le savoir ? …Et bien vous verrez !!! La suite, plus tard !!! 😉

1.3.  LES DANSES COUNTRY EN COUPLE

Les anciennes danses country ont donc évolué pour donner les danses country en couple. Ces danses en couple représentèrent la majorité des danses Country & Western pendant une longue période (en fait, jusqu’à l’arrivée de la Line Dance), et restent encore très populaires aux Etats-Unis.

D’où viennent les danses en couple ? Elles se sont développées dans les bals country qui étaient régulièrement organisés ; les cow-boys en profitaient donc pour inviter (et probablement pour « draguer »…) les jeunes filles qu’ils convoitaient, ce qui leur permettait d’avoir un contact physique avec elles.

Pour ce qui de leur origine, toutes les danses en couple ont la même : ce sont les traditions de danses apportées par les colons, qui ont évolué pour aboutir aux danses country en couple actuelles, que ce soient les « Partner Dance » ou les danses en couple « Freestyle ». Par exemple, la Schottische (dont les pas sont : vine à gauche, un saut, vine à droite, un saut, puis un pas en avant – un saut répété 4 fois) vient de Pologne, mais fut introduite en 1890 par les colons allemands à El Paso, au Texas. La Schottische instaura une nouvelle position de danse, devenant le précurseur des danses country en couple modernes, comme la célèbre Cotton-Eyed Joe. A propos de cette danse, il existe une petite anecdote ; la voici telle quelle racontée par A. M. Briand dans le magazine « Country Music Magazine » n°2 :

« C’est l’histoire d’un cow-boy qui descend d’un cheval, il pose le pied par terre avec une certaine lourdeur (un cheval c’est haut …), mais pas de chance, il met le pied dans une bouse de vache. L’histoire ne dit pas ce qu’il dit à ce moment là, mais on suppose que ce devait être quelque chose comme m…Là est l’origine du Stomp. Bien sûr, de la matière collant à la botte, notre cow-boy tend vigoureusement le pied en avant pour en évacuer le maximum, voici le Kick. Puis pour nettoyer le reste, il profite de l’herbe bien grasse en frottant ses semelles avec trois pas en arrière (le Triple Step, encore appelé Shuffle). »

Voici une petite histoire bien amusante … Est-elle véridique ? On ne le saura sans doute jamais. Mais, si cette légende est amusante, l’origine de la Cotton-Eyed Joe a une histoire qui paraît bien plus véridique. En réalité, la Cotton-Eyed Joe se danse à l’origine non pas avec un stomp, mais en croisant la pointe du pied devant la cheville du pied opposé. Ce mouvement proviendrait en fait d’un style de Polka ; par la suite, on aurait simplifié la danse en le remplaçant par un « Stomp ». Aujourd’hui encore, les 2 façons de danser la Cotton-Eyed Joe (avec le Stomp ou avec la pointe) existent.

Nous venons de citer la Polka ; cette forme de danse fait partie des 6 grands types de danse country en couple (et qui désignent aussi les 6 grands rythmes en danse country) : la WALTZ (Valse), le CHA CHA, la POLKA, l’EAST COAST SWING (ECS), le WEAST COAST SWING (WCS) et le fameux TWO STEP (2-Step).

Mais d’où proviennent ces danses en couple ? En fait, elles n’ont pas évolué en même temps ; leur histoire démarre du temps des premiers colons, jusqu’aux formes de danses country modernes. Je vous propose d’étudier toutes ces histoires, en commençant par :

– La WALTZ : la valse est dérivée du « ländler » autrichien. Mais la « Cowboy Waltz », elle, est plus vraisemblablement dérivée de la Square Dance, du Quadrille et des danses folks. Ce nouvel hybride était au départ considérablement plus occasionnel que les traditions dont elle a dérivé, mais elle empêchait toujours les jeunes gens de danser avec une prise trop « intime » avec leur partenaire. Mais une autre forme de danse en couple allait connaître un plus grand succès :

– La POLKA : la Polka fut créée en 1890. Ayant « l’intimité de la valse » et l’énergie de la « Irish Jig » (Gigue Irlandaise) », la Polka provient de Bohème et est aussi connue sous le nom de « Gallop » ; sa signification en Tchèque est « pas médium ». Il y a beaucoup de styles de Polka, comme le « Heel & Toe Polka » (talon & pointe), la Polka Waltz (mêlant la Polka avec l’élégance de la Waltz) et la Schottische Polka (avec la position Schottische, comme le Sixteen Steps et le Ten Steps). La Polka fut embrassée avec enthousiasme ; en effet, les différentes populations de l’Ouest, qu’elles soient d’origine française, irlandaise, russe, juive ou Scandinave, bien qu’appréciant toujours leurs propres danses folkloriques, trouvèrent un refuge commun dans la Polka. La Polka est ainsi devenue un des principaux traits d’union culturelle. D’autres hybrides sont également apparus, tels que :

– Le TWO STEP : le Two-Step, comme les autres danses, a évolué à partir du mélange des danses folk avec les pas « inventés » par les Cow-boys, qui, rappelons-le, n’étaient pas vraiment des spécialistes de la danse, et évoluaient sur la piste au gré de leur inspiration. Mais la spécificité du Two-Step, qu’on nomme aussi le Texas Two-Step, est certainement la position particulière que prennent les danseurs. Selon Fred Rapoport, chorégraphe aux Etats-Unis, le Texas Two Step fut créé par des cadets militaires frustrés de passage à l’Académie Militaire du West Point dans les années 1850. Custer, tout comme Grant, Robert E. Lee, William Sherman, et d’autres grands généraux de la Guerre de Sécession étaient tous en ce temps-là de jeunes étudiants à l’Académie Militaire des Etats-Unis… Ces futurs héros devaient laisser leur main glisser en bas du dos de leur partenaire de danse, ou un tour sous le bras pouvait être exécuté sans retirer leur main du dos de leur dame, leur permettant de la glisser devant elle… L’histoire évolua sous un ordre direct du Commandant de West Point: « Tous les cadets, quand ils dansaient avec de jeunes dames de fonctions officielles, devaient désormais placer leur main droite sur l’épaule de la dame, et non sur son dos. Le Texas Two Step « traditionnel » est désormais dansé avec la main droite de l’homme sur l’épaule gauche de la femme.

– LE WEST COAST SWING : le West Coast Swing tire son origine de l’après-guerre alors que tous les endroits spacieux où on pouvait danser avaient été ravagés. Les gens devaient se réunir dans de petits endroits pour danser. Il a donc fallu qu’ils adaptent leurs danses et le West Coast Swing qui en théorie devrait se danser sur une surface égale à une porte qu’on aurait mis à terre est né.

Quant au CHA CHA et à l’EAST COAST SWING, ils sont apparus parce que de plus en plus de chanteurs et chanteuses country incluaient ces rythmes dans leurs chansons.

Aujourd’hui encore, les 6 grands types de danses en couple (Cha Cha, Waltz, East Coast Swing etc …) restent très populaires aux Etats-Unis, moins en France mais la situation est en train d’évoluer !

Et la Line Dance dans tout ça ? Patience, nous y venons !

2 LES PREMICES DE LA LINE DANCE

Il existe plusieurs théories pour expliquer les origines et la naissance de la Line Dance. Pour certains, la Line Dance serait un mouvement « Outlaw » (hors-la-loi) qui serait apparu en 1960 dans les « Honky Tonk » (les Honky Tonk sont des bars typiquement américains où on peut boire, jouer au billard et aux cartes – souvent en agréable compagnie féminine -, écouter de la musique country et danser). Il est possible que la Line Dance soit effectivement dansée depuis assez longtemps dans ces « Honky Tonk » mais, d’une part, c’était beaucoup plus probablement des danses en couple qui y étaient pratiquées et d’autre part, cela ne nous explique pas pourquoi et comment la Line Dance est apparue. Car la Line Dance n’est pas née par génération spontanée ! Beaucoup imaginent en fait que la Line Dance serait née dans le Far West américain. Quelqu’un a même émis l’hypothèse suivante : ce serait des cow-boys nomades et donc solitaires qui, allant de ranch en ranch, s’associèrent aux danseurs en dansant seuls mais en groupe et en imitant les pas et figures des danseurs en couple, donnant ainsi naissance à ce qu’on allait appeler la Line Dance. Une belle histoire, qui satisferait sans doute bien des « puristes » de la Country ! Hélas pour eux, j’ai beaucoup de mal à croire à cette version des faits, et ce pour une raison bien simple : les cow-boys sont avant tout des hommes. Et alors ? Et alors, encore aujourd’hui, au XXIème siècle, la danse (y compris la danse country) est parfois considérée comme une activité disons… « efféminée » ; et relativement rares sont encore les hommes qui osent s’aventurer dans un club de danse, ou qui même sont simplement attirés par la danse. Pour preuve, il suffit d’observer la proportion entre la gent féminine et la gent masculine dans les clubs de danse ! Si donc, à notre époque, la danse n’est pas toujours considérée comme une activité très « masculine », imaginez un peu au temps du Far West, au XIXème siècle, dans les rudes conditions de vie de l’époque ! Il aurait été fort étonnant, à mon sens, de voir à cette époque des cow-boys danser tout seul (même si ils sont en groupe …), et cela tout simplement parce que cela n’aurait certainement pas paru être très viril !… Et puis, franchement, vous imaginez le John Wayne de l’époque se trémousser tout seul sur la piste de danse ?

Alors, tentons maintenant des explications plus « sérieuses » ! Certaines personnes ont suggéré que la naissance de la Line Dance serait due à d’anciennes chaînes de forçats en prison, où les détenus étaient liés ensemble deux par deux. Mais la théorie la plus souvent adoptée est celle qui explique que la Line Dance aurait évolué à partir des anciennes « contredanses », dont nous avons longuement parlé dans la première partie. Je vous rappelle que les contredanses étaient constituées de deux lignes se faisant face. Et en effet, tandis les contredanses et les autres danses folks arrivaient dans les campagnes pour donner naissance aux premières formes de danses country, la contredanse continuait son petit bonhomme de chemin, et restait toujours aussi populaire. Elle le fut jusqu’au XXème siècle ; ainsi, par exemple, une des plus célèbres formes de contredanses, nommée le « Stroll », apparut dans les années 1940 et perdura jusque dans les années 1960 ! On peut notamment la voir dansée en 1978 dans le film « Grease », avec Olivia Newton-John et John Travolta. Le Stroll est parfois considérée comme une forme intermédiaire entre la Contredanse et la Line Dance, et en effet elle l’est peut-être ! Car elle contenait des éléments distincts de ces 2 formes de danse.

Mais la Line Dance n’est cependant pas apparue tout de suite ! Son évolution, jusqu’à sa forme actuelle, fut progressive. Tout commença dans les années 1950-1960. Nous sommes alors en plein « boum » du rock’n roll. Et, dérivées du rock’n roll, apparurent toutes sortes de nouveaux styles de musiques et de danses. Ces danses furent par la suite regroupées en Amérique sous le terme anglais de « Novelty Dance », « Craze Dance » ou encore de « Fad Dance », « Fad » signifiant en anglais caprice, lubie. Il n’existe pas à ma connaissance de terme en français pour désigner ce type de danse ; aussi, faute de mieux, je les désignerai sous le terme de  « danses de mode ». Ces danses furent notamment popularisées par l’émission télévisée de Dick Clark  « America Bandstand », où on pouvait voir des enfants les danser. Les « Fad Dance » étaient en général des danses en solo, dont la caractéristique principale était que leur popularité (quand ces danses avaient du succès, ce qui n’était pas le cas de toutes …) ne durait qu’un moment très court. Elles étaient aussi caractérisées par leur humour, car elles pouvaient inclure des pas bizarres ou peu commun, ou avoir un nom peu commun ; les « Fad Dance » étaient en effet en général faites pour êtres drôles, voir un peu niaises. Beaucoup de ces danses avaient un style libre, elles n’avaient pas de modèle de pas particulier mais se distinguaient par un mouvement particulier, comme par exemple le Shake, le Swim, le Pony, le Shimmy, le Monkey … La plupart de ces danses ont aujourd’hui disparues des pistes de danses, mais certaines sont restées plus célèbres tel le « Mashed Potatoes », mais surtout le fameux « Twist », qui est resté très populaire jusqu’à nos jours. D’autres danses étaient plus chorégraphiées, comme le « Hully Gully », ou surtout le « Bunny Hop ». Le « Bunny Hop » (« saut de lapin ») fut crée dans un lycée de San Francisco en 1953; les pas de cette danse, qui s’effectue en général en cercle, sont très simple : talon droit devant puis on ramène le tout 2 fois, talon gauche devant puis on ramène 2 fois, puis un saut en avant, une pause, un saut en arrière, une pause, puis trois petits sauts en avant (Note : il a existé une danse très semblable en France dans les années 1960, qu’on a souvent appelée le Letkiss ! Selon la petite histoire, le Letkiss serait dérivée d’une danse finlandaise nommée « Letkaienka ». Quant à savoir si le Bunny Hop et le Letkiss ont vraiment un rapport entre elles, et laquelle a inspiré l’autre…). Aujourd’hui, le « Bunny Hop » est parfois encore dansé …dans des clubs de Danse Country ! où elle est considérée comme une Line Dance.

Car, eh oui, ces « Fad Dance » peuvent être considérées comme les précurseurs de la Line Dance ; la plupart de ces danses n’étaient pas bien sûr de véritables Line Dance, puisqu’elles n’étaient pas vraiment toutes chorégraphiées et ne se dansaient pas en ligne, mais « évoluaient » sur la piste de danse. Mais elles ont lancé la mode des danses en solo, et contenaient déjà quelques « ingrédients » qui plus tard allaient faire « monter la sauce» pour donner ce que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de Line Dance.

Par ailleurs, parmi toutes ces « Fad Dance », quelques danses en ligne chorégraphiées commencèrent à pointer le bout de leur nez. Et la plus connue de ces danses en ligne est certainement le Madison, qui fut créée par un américain ancien mineur du nom de Al Brown, qui sortit le titre « The Madison » avec son groupe les Tunetoppers. Aujourd’hui encore le Madison reste une des danses en ligne les plus populaires, et ce depuis l’été 1962 en France, où elle fut notamment rendue célèbre par le film « West Side Story » (réalisé par Robert Wise en 1961). Aux Etats-Unis, on connaît le Madison depuis 1960.

Par la suite, ces « Fad Dance » continuèrent à évoluer dans les années 1970, vers ce qui pourrait être considérées comme les premières Line Dance, même si elles n’étaient pas encore désignées sous ce nom à l’époque. Ces premières Line Dance étaient en fait des danses Disco, telles que le « Nut Bush », « Bus Stop » ou, parmi les plus connues, le « Hustle ». Le Hustle, par exemple, tire ses origines dans les communautés hispaniques de Floride ; cette danse fut rendue célèbre en 1975 grâce à la chanson du même nom, interprétée par la chanteuse noire américaine Van McCoy. Quant aux pas, ils étaient assez simples ; on peut les résumer ainsi : deux pas longs glissés vers l’avant ou le côté sur chaque mesure, et trois pas plus courts et plus rapides en arrière sur les demi-mesures. Pour ceux qui veulent plus de détails, et bien sachez que les pas sont décrits au dos de la pochette du 45T de la version de Van McCoy ; il ne vous reste plus qu’à faire les brocantes pour le trouver ! Sachez cependant que le Hustle, du fait de son évolution très libre sur les pistes de danses, a connu de nombreuses versions (dont une version « couple » nommée « Tango Hustle »).

Ces danses « disco » connurent une grande popularité, notamment grâce au film « Saturday Night Fever » (« La Fièvre Du Samedi Soir ») avec John Travolta, que l’on peut voir dans ce film se déhancher sur la piste avec d’autres danseurs, avec une danse qui ressemble très fortement à … de la Line Dance ! Car ces premières Line Dance disco étaient des Line Dance dans tous les sens du terme, tel qu’il est utilisé aujourd’hui, à ceci près qu’elles n’étaient pas chorégraphiées intentionnellement, et qu’elles évoluaient librement et spontanément sur les pistes de danses disco. On peut donc considérer leur apparition comme une annonce de la naissance de la Line Dance, ou plutôt on pourrait dire qu’elles étaient les dernières douleurs d’accouchement de la naissance de la Line Dance.

Et la danse country dans tout ça ? Et bien, elle aussi continuait son petit bonhomme de chemin … Et, alors que la musique et la danse disco était au sommet de sa popularité, elle aussi donnait naissance aux premières formes de danses en ligne. En effet, en 1980, une texane nommée Jimmie Ruth White chorégraphia 2 nouvelles danses : « Jr Hustle » et « Travelling Four Corners ». A l’origine, ces danses devaient être considérées comme des Square Dance, mais elles étaient chorégraphiées selon le concept de la Line Dance ; elles furent donc rapidement adaptées en danses en ligne. C’est ainsi qu’on obtint les premières formes de Line Dance sur de la musique country (même si, attention, la Line Dance n’était pas encore spécifiquement rattachée à la musique country …).

A noter aussi qu’en regardant en arrière certaines des premières danses en ligne, avoir le nombre correct de pas, respecter le nombre correct de « beats » musicaux, ne semblait pas avoir toute cette importance. Le « JR Hustle » mentionné plus haut, était la seule danse depuis très longtemps qui suivait le concept actuel de se caler sur le mode majeur musical (32 comptes).

Toute cette évolution nous amena finalement à :

2.1. NAISSANCE ET DEVELOPPEMENT DE LA LINE DANCE

Finalement, la Line Dance apparut réellement au tout début des années 1980. La toute première Line Dance chorégraphiée fut le célèbre « Slappin’ Leather », créée par Gayle Brandon en 1978 ; cette première Line Dance était destinée à de la musique country, mais il fallut attendre encore un peu avant que la Line Dance ne soit connue et reconnue.

En attendant, la danse country flirta enfin avec le succès dans tous les Etats-Unis, et cela grâce à la sortie en 1980 du film « Urban Cowboy », avec John Travolta (eh oui ! encore lui !), nouveau venu en ville, habillé de vêtements de « bétail » (avec chapeau, boucle, etc …) et qui dansait le Two-Step et la Cotton-Eyed Joe dans un « Honky Tonk » du Texas avec Debra Winger. Ce film popularisa donc la danse country dans toute l’Amérique, et provoqua une affluence dans les clubs de danse country. Dans ces clubs, on pouvait danser bien sûr la Cotton-Eyed Joe, le Two Step, la Valse, le Swing, mais aussi quelques Line Dance. Beaucoup de ces danses étaient en fait crées à partir de danses Folk ou de salon, comme le Alley Cat par exemple (dansé à l’origine comme un Paso Doble ou une Merengue), car beaucoup de professeurs «s’amusaient » à donner des noms « country » à des danses qui à l’origine n’étaient pas destinées à ce type de musique ; par exemple, il a suffit qu’un jour quelqu’un rajoute le mot « Cowboy » derrière le mot «Charleston » pour donner naissance au « Cowboy Charleston », et faire ainsi rentrer cette danse dans le monde la danse country.

Autre exemple classique de Danse Country aujourd’hui enseignée parmi d’autres Line Dance (bien qu’elle ne soit pas vraiment une Line Dance, mais une Partner Dance …) et qui serait vraisemblablement dérivée d’une ancienne danse Folk via la scène de la Square Dance : la « Barn Dance » (encore appelée aujourd’hui « Wild Wild West », du nom de la chanson de Escape Club sur laquelle elle est souvent dansée), originellement appelée « Old Country French Dance ».

Pendant ce temps, la Line Dance continuait discrètement sa route. La seconde Line Dance chorégraphiée connue, et pour laquelle nous avons suffisamment d’informations, fut « The Freeze », créée en 1981 par un auteur inconnu. Cette danse fut associée à la chanson « Elvira » par les Oakridge Boys, sortie la même année. Mais la première description de cette danse apparut seulement en 1985. A l’époque, les pas n’étaient pas décrits comme nous avons l’habitude de les voir sur nos feuilles de danse aujourd’hui, mais ils étaient simplement « dessinés ». Bien plus tard, en 1989, apparaîtra une variante de « The Freeze » ; cette danse, chorégraphiée en particulier sur la chanson de Marcia Griffith « Electric Boogie », prit le nom de « Electric Slide »

Et puis un nouveau phénomène donna un véritable coup de fouet à la Line Dance. Nous sommes en 1985. Jim Ferrazanno, en compagnie de Melanie Greenwood, s’ennuie dans une salle de bal à Nashville en écoutant un groupe qui refusait de jouer de la Country. C’est là qu’il créa une danse qui allait devenir légendaire : « Tush Push ». Cette danse est aujourd’hui souvent considérée comme la première véritable Line Dance, telle qu’on la connaît actuellement. Mais écoutons Jim parler : « Ils étaient en train de jouer un affreux nombre de cha cha quand je l’ai écrite. Beaucoup de personnes ont mis des hip bumps depuis lors mais à l’origine c’était des  »pelvic thrust » ». Jim griffonna sa première danse en ligne sur une serviette de table aimablement prêtée par la direction et la montra à Melanie qui se joignit promptement à lui et commença à danser la nouvelle création. D’autres danseurs vinrent sur la piste et la légende du «Tush Push » était née.

Cette nouvelle danse lança alors le véritable succès de la Line Dance. De nombreuses nouvelles écoles de danses en ligne ouvrirent aux Etats-Unis, et de nombreuses nouvelles danses en ligne furent créées : «Copperhead Road » (1988), « Mustang Sally »… Toutes ces danses ont joué un rôle essentiel dans le relancement de la Line Dance et ainsi, ce qui n’était qu’une forme de « danse de mode » parmi d’autres, et pas forcément la plus populaire, devint une forme de danse reconnue et ayant un véritable succès. C’est probablement dans ces années-là qu’apparut pour la première fois le terme de « Line Dance », mais nous n’avons aucune date précise pour la première utilisation de ce terme.

A cette époque, la majorité de ces Line Dance étaient créées sur de la musique non country, comme le Tush Push, qui était destiné à de la musique de Big Band à une vitesse de 140 bpm. Par exemple, « Cruisin’ » (1989) fut chorégraphié par Neil Hale sur la chanson des Beach Boys « Still Cruisin’ » (A noter : ce fut la première chorégraphie de Line Dance rendue célèbre dans le monde entier ; elle fut d’ailleurs élue en l’an 2000 « Line Dance la plus connue du monde »).

Bien sûr, il y avait aussi quelques danses sur de la musique country (car les Line Dance étaient destinées à toutes sortes de musiques, y compris la Country !), comme par exemple « Boot Scootin’ Boogie », chorégraphié par Bill Bader en 1990 sur la chanson du même nom ; mais la Line Dance n’était alors reliée à aucun style spécifique de musique.

Et la Line Dance Country là-dedans ? Et bien il faudra encore attendre !

Mais tandis que la Line Dance se créait et rencontrait enfin le succès, la danse country continuait à se développer et à s’organiser dans son coin. C’est ainsi que, en 1989, fut créée la N.T.A. : la National Teachers Association. Cette organisation à but non lucratif, fondée par Kelly Gellette, a pour but de promouvoir la danse Country & Western, établir un contact entre les professeurs, développer et standardiser une terminologie, développer et maintenir un niveau de qualité pour les professeurs, et les aider à enseigner l’art et la pratique de la danse Country & Western.

2.2. EVOLUTION DE LA LINE DANCE

Nous sommes en 1992. Cette année-là, les jeux Olympiques avaient lieu à Barcelone ; et Garth Brooks tentait de contribuait à la renaissance de la prospérité fléchissante de la musique Country. La même année, pour son nouvel album « Some Gave All », Billy Ray Cyrus décida de passer d’un style country traditionnel à un style plus « Country-Pop ». Et pour faciliter la promotion d’une des chansons extraites de l’album, « Achy Breaky Heart », on demanda à Melanie Greenwood de chorégraphier une petite « Line Dance » dessus. Résultat : le succès fut énorme, mondial. Cette chanson devint la plus connue des chansons de Billy Ray Cyrus, et fut même certainement la chanson Country la plus célèbre des années 1990.

L’énorme succès de cette chanson amena aussi la Line Dance à se faire connaître du grand public ; elle devint ainsi la dernière danse à la mode. La Line Dance était subitement « in », partout dans le Nord Américain, en Australie et en Europe les écoles fleurissaient et des réunions commencèrent à pourvoir au développement de la Line Dance. C’est quelque part ironique que quelque chose utilisé pour promouvoir une chanson fut promu par la chanson et a même survécu longtemps après que la chanson ait disparu dans l’obscurité des collections de disques poussiéreux !

Etant donné le succès de la Line Dance sur une chanson country, il y eut un déluge de Line Dance chorégraphiées sur des morceaux Country : « Waltz Across Texas » (1992), « Hot Tamales » (1993), «Chattahoochee » (1993), « God Blessed Texas » (1993) … Créer des Line Dance sur de la musique Country devint ainsi une stratégie commerciale. La musique Country suivit le mouvement, et de nouveaux jeunes artistes comme Brooks & Dunn, Joe Diffie, Tracy Byrd et Neal McCoy enregistrèrent de la musique Country avec un rythme de danse. Certains même, comme Scooter Lee, se spécialisèrent dans la musique de Line Dance, s’associant même à des chorégraphes pour créer des danses en ligne spécifiques sur leurs chansons.

Par ailleurs, ayant trouvé ce nouveau lien avec la musique Country, la Line Dance commença à se répandre à travers le monde via la scène de la musique Country. Et des personnes, qui n’avaient jamais entendu parler de la Line Dance auparavant, et qui ne connaissait donc pas la précédente histoire de la Line Dance, associèrent automatiquement la Line Dance aux musiques et aux danses Country. Et en même temps, tous ceux qui pratiquaient la Line Dance lui associèrent une tenue « Country », c’est-à-dire une tenue de Cow-boy, avec jean, Santiags, Stetson et ceinturon …

Ainsi la Line Dance se répandit rapidement à travers le monde : au Canada, au Québec bien sûr (ce sont, après tout, les plus proches voisins des Etats-Unis), en Australie (en 1992-1993) et même au Japon ! La Line Dance s’implanta aussi principalement en Europe. Elle arriva par exemple en Espagne en 1994. Son arrivée fut facilitée en Angleterre, où il existait depuis longtemps un sentiment d’affection pour la musique Country, et en Suisse, où la danse country était implantée depuis 1989.

En France, la Line Dance arriva en 1992. Son arrivée est due à Robert Wanstreet, qui, sur la demande de Fred Marshall, un irlandais d’origine, était chargé de créer une animation « Country » au bar le Billy Bob’s à Disneyland Paris, le célèbre parc qui venait juste de se créer à l’époque. Au départ la Line Dance devait y être un simple spectacle, mais très vite les spectateurs, attirés par cette nouvelle forme de danse, rejoignirent les danseurs sur la piste, et Robert Wanstreet improvisa alors les premiers cours de danse country. C’est ainsi qu’en 1993 il créa la première association de Danse Country, « Les Amis Du Far West ».

Par la suite, cette nouvelle association donna quelques démonstrations en France, faisant découvrir la Line Dance dans le reste de la France. Certaines personnes les filmèrent et apprirent les danses à partir de leurs vidéos, puis ne tardèrent pas à créer à leur tour leur propre club de danse Country. Le phénomène faisant boule de neige, les clubs de danse Country se multiplièrent alors comme des petits pains ; et afin d’organiser au mieux la Danse Country en France, une nouvelle association se créa afin de rassembler les renseignements autour de la Danse Country : ce fut la F.C.W.D.A. (French Country & Western Dance Association), fondée en 1997 par Danièle Violeau. Le même phénomène se produisit dans le reste de l’Europe et du monde. Actuellement, en Europe, la Line Dance est surtout implantée en Angleterre, en Hollande, en Allemagne, en Suisse et en Belgique.

En même temps que la Danse Country se répandait et s’organisait à travers le monde, la Line Dance continuait à évoluer. Au départ, le mouvement le plus commun dans la Line Dance étaient les pas de base de la Schottische : un pas, croiser, un pas, sauter. Mais très vite, d’autres styles de danses influencèrent la Line Dance, notamment les danses en couple Country ; par exemple, des syncopes du style qu’on trouve normalement dans le West Coast Swing ont marqué profondément la chorégraphie de la Line Dance. D’autre part, un vaste et véritable travail d’un corps de chorégraphes international a été développé dans la dernière décennie et beaucoup de concepts expérimentaux ont été ajoutés. Max Perry, par exemple, introduisit des pas, des mouvements et des attitudes typiques des danses de salon, tandis qu’un autre célèbre chorégraphe, Rob Fowler, fut un des premiers à ajouter des mouvements de « hip hop » dans ses danses, comme par exemple les « body roll ». D’autres, comme Pedro Machado (plusieurs fois champion du monde de Danse Country), imprégnèrent leur style de danse des influences latines.

Le résultat de cette évolution fut la tendance des chorégraphes à créer des chorégraphies de plus en difficiles, avec des pas et des enchaînements de plus en plus complexes. Le niveau général des danses a ainsi incroyablement augmenté, et des danses qui auraient été reconnues comme « Avancées » il y a 5-10 ans sont aujourd’hui considérées comme « Débutant/Intermédiaire ». Une tendance due également à la pression de certains danseurs de concours, des « fanatiques du haut niveau », qui réclament des danses de plus en plus difficiles, de plus en plus compliquées.

D’un côté, on ne peut que se réjouir de cette « poussée vers le haut », car cela signifie que la Line Dance continue à progresser, et cette progression est bien nécessaire à sa survie ; de plus, cette croissance tend à faire devenir la Line Dance de haut niveau de plus en plus « professionnelle » (dans le style, pas au sens monétaire du terme), ce qui est après tout une bonne nouvelle, car cela peut donner à la Line Dance une respectabilité qu’elle n’avait pas par le passé, et ainsi assurer sa survie. Néanmoins, le danger de cette évolution est que les débutants pourraient être rebutés par des danses qu’ils jugeront trop difficiles. De plus, cette augmentation du niveau de danse entraîne également une « séparation » entre les danseurs de «concours » et les danseurs plus « débutants » ; ce qui amène certains danseurs à protester, car ils ne reconnaissent plus dans les manières des danseurs, disons, plus « évolués », le style des Line Dance Country qu’ils aiment et dont ils ont l’habitude. Ce qui nous amène à une autre tendance évidente de la Line Dance, qui suscite d’ailleurs bien des débats passionnés : de plus en plus de Line Dance sont à nouveau chorégraphiées sur des musiques considérées comme non-country. Ce phénomène est-il dû à la fin d’une mode et au début d’une autre, au goût personnel des chorégraphes, à une demande des danseurs … Difficile de répondre ; probablement un mélange de toutes ces causes. Toujours est-il que ce retour à des musiques plus diversifiées a vraisemblablement démarré au milieu des années 1990. Et la réaction des « fana » de la Country ne s’est pas faite attendre : beaucoup d’entre eux, ne connaissant pas la précédente histoire de la Line Dance, ont protesté avec énergie, et ont réclamé le retour à la bonne vieille « Line Dance Country ».

Deux attitudes se profilèrent alors : ceux qui restèrent attachés à la Line Dance et à la musique Country, et ceux qui acceptèrent volontiers les nouveaux types de musique et que l’on appelle la Modern Line Dance . Actuellement, une attitude prévaut sur l’autre selon les régions, mais dans la majorité des clubs ont trouvé un mélange des deux, pas forcément toujours dans les mêmes proportions.

Certains s’inquiètent d’une possible séparation entre Line Dance Country et Line Dance « Moderne », voir, pire, d’une possible disparition de la Line Dance Country. Personnellement, je ne m’inquiète pas trop de voir la Line Dance Country disparaître, car je pense que cela n’arrivera pas de sitôt ! La Line Dance est maintenant bien intégré dans le milieu de la Danse Country, et il y aura toujours des amoureux de la Country pour s’assurer de sa pérennité dans ce domaine. Quant à une séparation entre les 2 styles … Il est possible que cela arrive dans certains pays ; mais d’après ce que je vois, cette séparation n’est pas pour tout de suite en France, qui semble continuer à considérer la Line Dance comme une danse Country, et ce quelque soit la musique.

Pour terminer, je me permettrai une seule prédiction au sujet de l’avenir de la Line Dance : les Line Dancers seront de plus en plus nombreux, et de plus en plus évolués !

Issues des mêmes racines que les danses country traditionnelles, la Line Dance a tracé son propre chemin pour arriver à la forme de danse telle qu’on la connaît aujourd’hui. Si il est difficile de donner une date, une année ou même une époque précise pour sa naissance (ce qui est toujours sujet à discussion …), il est tout aussi difficile de définir ses origines. Cependant, la plupart des spécialistes s’accordent à dire ceci : descendantes des danses folk de l’Europe de l’Ancien Temps puis des « danses de mode » des années 1960-1970, la Line Dance fut d’abord chorégraphiée sur toutes sortes de musiques, avant d’être associée à la musique Country dans les années 1990 grâce à un grand coup de Marketing et un gros effet de mode. Aujourd’hui elle tend de plus en plus à s’éloigner à nouveau de la Country, au grand dam des « puristes » et des amateurs de Country Western. Cela dit, la Line Dance a aujourd’hui bien plus de 10 ans d’existence, et son développement est tel qu’elle est maintenant une forme de danse mondialement reconnue et appréciée. Je laisserais le mot de la fin au célèbre chorégraphe Bill Bader, qui a très bien expliqué l’histoire de la Line Dance en ces termes :

“L’histoire de la Line Dance est comme l’histoire humaine – il y a eu la préhistoire et puis l’histoire écrite. La véritable histoire de la Line Dance commence avec les premières danses écrites, et il est communément accepté que c’est dans les années 1970 au moins que quelqu’un peut produire une source plus ancienne. Et c’est toujours le challenge dans l’histoire …avec séparer le mythe de la réalité.

CONCLUSION : Des danses Folk européennes à la Line Dance moderne, la danse Country a subi une véritable évolution. Aujourd’hui, elle semble bien installée dans le monde entier ; pourtant son statut semble être de plus en plus flou, et nombreux sont les débats qu’elle suscite : qualité de l’enseignement, choix des musique, manière de danser … Or beaucoup de « débateurs » ignorent la véritable histoire de la Danse Country, en particulier de la Line Dance. J’espère donc que cet essai contribuera à éclairer les esprits, et à nourrir les débats. J’espère aussi et surtout que cette histoire vous aura intéressé et amusé, et que vous avez apprécié ce voyage dans l’historique de la Danse Country. L’Histoire de la Danse Country est cependant loin d’être terminée ; et la suite de l’histoire, eh bien c’est avant tout les danseurs qui la feront !

Référence :
Histoire de la danse country

Laissez un commentaire

Nous utilisons des cookies pour vous garantir la meilleure expérience sur notre site web. Si vous continuez à utiliser ce site, nous supposerons que vous en êtes satisfait. J'accepte